J'APPRENDS - Les risques de surconsommation et d'addiction aux méthodes de développement personnel
- elleadebeauxrestes

- 8 août 2024
- 3 min de lecture
Ma LEA_pprentie,
J'ai essayé aujourd'hui d'approfondir une problématique que j'ai rencontré quand j'ai pris la décision de quitter mon activité professionnelle, suite à mon burnout.
Attention à la surconsommation et au risque d’addiction aux méthodes de développement personnel qui nous donnent l’illusion d’agir alors qu’elles peuvent nous détourner de notre objectif.
Processus :
1. Etat de vulnérabilité :
Peu importe la raison qui nous pousse à nous engager sur le chemin du développement personnel (se sentir mieux, avoir de meilleures relations, changer de voie professionnelle, se reconstruire après une épreuve de vie), nous sommes, à ce moment-là, toutes et tous dans un état de vulnérabilité. Une pléthore d’offres et de solutions vendues clé en main viennent nous allécher. Chacune promet de reprendre le contrôle de sa vie pour obtenir ce que nous désirons.
2. Mordre à l’hameçon et se délecter de la friandise :
Dans un premier temps, comme avec la pensée positive par exemple, l’apprentissage de la méthode et ses bienfaits vont t’enchanter et te satisfaire. Ton cerveau va recevoir des pics de dopamine (hormone de la récompense immédiate/satisfaction). Elle va réguler ton humeur et ta motivation. Certes il y a de nouvelles habitudes à prendre, des efforts à faire mais tu gères et les résultats sont là : tu te sens mieux, tu perds tes premiers kilos, tu es moins anxieux en te projetant dans l’avenir, tu te sens dans l'action, en progression par rapport à ton projet ou ta problématique, etc.
3. Entrer dans le processus de l'addiction et de l’illusion :
L’expérience te plaît, la friandise est délicieuse et tu as envie d’en avoir plus. La dopamine étant également l’hormone de la récompense, sans forcément en avoir conscience, tu vas rechercher les nouvelles occasions de recevoir ton shoot de dopamine en durcissant ta pratique ou en t’intéressant à de nouvelles méthodes. Tu imagines qu’elles te rendront encore plus capable de remplir ton objectif. Tu redoubles d’efforts et, tout comme la personne alcoolique, tu t’illusionnes en reprenant un autre verre qui aura enfin les effets salvateurs attendus. C’est le processus de l’addiction avec son lot d’illusions et aveuglements.
4. Se retrouver piégé dans la réalité du point mort :
Au bout de quelques semaines, alors que tu es toujours dans l’effort, dans le contrôle, que tu cours toujours après le plaisir diminuant de ta dose de dopamine et d'hypothétiques résultats, tu réalises que le plaisir a disparu, que tu n'es plus assidu tous les jours, que tu t'épuises alors que ton projet initial est au point mort. Tu as mis des choses en place qui te donne l’impression de progresser alors qu’en réalité sur tes ressentis et tes réactions, il n’y a pas de changement probant.
5. La pire forme de procrastination : Si procrastiner c’est "ne rien faire" ou c’est "remplacer une tâche contraignante par une tâche plus agréable", c’est aussi l’"action faking" (concept développé par l’auteur M. J. Demarco a baptisé « Faire semblant d’agir”) qui caractérise cette situation. Ex. tu as passé des heures à peaufiner ton CV pour Linkedin, à décortiquer l'adéquation d'une fonction avec ton profil, à faire un planning mais tu n'as pas répondu à une offre intéressante. Tu repousses tes objectifs de mois en mois. C'est le pire leurre du développement personnel : tu te donnes l’impression d’avancer en te convaincant qu’en t’organisant mieux, qu’en étant mieux préparer, tu te donnes de meilleure chance de réussite.
Toujours est-il que tu ne réussiras pas quelque chose que tu ne fais pas, que tu surcharges ou noies ton cerveau d’informations actuellement inutiles, que tu perds ton temps et que tu vas vite être rattrapé par tes démons.
Alors oui à certaines méthodes de développement personnel mais en les choisissant sur mesure et sans surconsommation.

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