HUMEUR - Pourquoi ce blog ?
- elleadebeauxrestes
- 17 sept. 2022
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 août 2024
Je suis une femme lambda parmi des milliers d'autres qui, arrivée à l'âge de 50 ans, s'était dit :" pour le moment ça va" puis se disait de plus en plus souvent "ben cela ne va pas si bien que ça ! ".
Insidieusement, des petits tracas se sont installés, des inconforts, des coups de mou, de chaud, de blues, l'enthousiasme qui s'émousse, le quotidien qui devient un peu lourd, les collègues qui m'agacent trop souvent, l'impression que tout est un éternel recommencement quoi que je fasse, une sensibilité plus crue.
Puis, au boulot, des licenciements arbitraires mal digérés, une nouvelle direction qui se cherche dans un cadre que je connais mieux qu'elle, des changements pour changer et la sensation que mon avis ne compte plus vraiment, que mes propositions sont jugées réfléchies mais que les projets qui me tiendraient à coeur, mes supérieurs préfèrent les confier à leurs congénères plus jeunes jugés plus compétents, plus fraîchement formés. Sentiment de devenir périmée.
Puis, à la maison, bien que je me réjouisse sincèrement de voir mes enfants s'émanciper, je flippe plus qu'eux pour leurs examens, j'anticipes avec beaucoup de coeur et d'énergie tous les imprévus possibles de leurs séjours linguistiques ou vacances entre copains et je leur envoie joyeusement et tendrement des paquets @mamanquitaime de chocolats et saucissons à leur caserne militaire. Je me projette avec eux, je les encourages, rebooste, coache, j'accompagne leurs doutes et premières désillusions. Mais, moi, je m'oublie, je ne m'écoute pas, je me sens malgré moi nostalgique de cette vie de famille si vite passée, de leur premiers pas même en oubliant totalement les inquiétudes qui allaient avec. De plus en plus souvent, je me surprends à les attendre, le frigo plein, au cas où, en regardant mon téléphone à l'affût d'un message, à partager mes repas moins mijotés avec mon mari que je chéris mais qui semble avoir un peu rétréci accoudé à la grande table.
Puis, cela s'assombrit encore, dans mon corps, tout se dérègle, mes règles se font la malle d'un coup. Les petits tracas sont plus invalidants, je transpire dans mon chemisier de soie redoutant les auréoles sous les bras, tu me sens comme prise en otage, mon coeur palpite de manière alarmante mais pour personne en particulier, je cours faire pipi à chaque verre d'eau pour éviter une fuite, toute improvisation devient comme une punition, l'inquiétude me bride, je m'embrume, je redoute, tensions nerveuses, j'évite les déjeuners à la cafétéria, les apéros avec les collègues sympas, je m'isole, je fuis, je vois ma tête avec des racines qui grisonnent dans le miroir, je déboutonnes discrètement ton jeans sous des gilets qui cachent bien mes fesses, je remercie même la covid d'avoir boosté le télétravail.
Puis, je deviens littéralement lourdeur, chaleur, noirceur, saturation, cervicales hypertendues, pensées bouillonnantes, culpabilité, manque de qui j'étais. J'engage des luttes avec mes 2h. de sommeil par nuit, mes vapeurs nocturnes et diurnes qui serrent, avec une estime personnelle et des autres qui chancelle, ma procrastination réveillée, avec ce corps qui va s'épaissir et que j'affame le ventre gonflé, avec mes émotions étouffées par l'angoisse. Seuls mon perfectionnisme exacerbé, ma persévérance de la dernière chance et mon incapacité à accepter me tiennent debout.
Vous ne le voyez peut-être pas mais je brûle de l'intérieur, j'implose, j'explose, je n'ai plus de repères.. J'ai le sentiment que je vais mourir, que je m'agite dans un désert avec personne autour.
La jeune psychologue (35 ans env.) que je consulte depuis quelques mois et à qui je me livre consciencieusement avec des "help" dans chaque phrase me regarde d'un air entendu, mais reste toujours silencieuse et impassible, peut-être inquiète ou peut-être pas, L'important c'est que je vienne la voir tous les mardis 45 min. chrono. Elle m'annonce parfois en fin de séance, quand je mendie un retour, que cela va durer encore longtemps sans m'expliquer pourquoi. Mon quotidien, ma semaine, elle s'en tape dans sa procédure thérapeutique et si je grapille 2 min. à la séance, je suis une "vilaine" petite fille, je dépasse les limites et cela la contrarie. Réfléchissez, Madame la patiente, est-ce qu'en agissant ainsi vous ne retrouvez pas cette petite fille indocile et désobéissante à qui sa maman refusait des câlins ? Merci, Madame la psy, mais je vous trouve carrément cruelle de rajouter une couche à ma culpabilité. Pas de soutien. Frustrations.
Est-ce que la dépression me guette comme je me l'entends souffler ? Je me sens terriblement anxieuse, perdue, incomprise à vouloir rester terrée chez moi avec mes tensions, mes vertiges et mes vapeurs.
Au boulot, je sens que je m'épuise mais je ne parviens pas à lâcher prise. Je travaille comme une dingue, en fournissant plus de trois procès-verbaux importants par semaine,. Dans mon esprit, ce sont de véritables documents de travail pour mon équipe mais personne ne prend plus le temps de les relire pour que je puisse les distribuer dans les temps. Ils se périment comme moi. Je propose des procédures, des plans, une structure de travail avec des documents partagés qui apporterait un gain de temps inestimable mais il paraît que je mets la charrue avant les boeufs. Je comprends qu'il faut que je reste à ma place, cette nouvelle place d'assistante que mes nouveaux chefs m'ont attribuée dans leur tête uniquement. Ils n'ont pas eu le temps, en plus d'une année, de discuter d'un nouveau cahier des charges alors je fais ce que j'ai toujours fait. La goutte d'eau qui fera littéralement sauter le couvercle de ma marmite surchauffée, c'est une phrase anodine en réponse à un questionnement d'une coach engagée pour aider ma direction débutante : "pourquoi n'utilisez vous pas les excellents procès-verbaux fournis par votre assistante qui y investit par ailleurs beaucoup trop de son temps dans la semaine ? "La réponse a fusé de la bouche d'un de mes responsables qui s'est senti attaqué : "on ne lui a rien demandé".
C'était dit. ! Je suis bien au tapis... C'est un burn out dira plus tard le responsable RH.
Je crée ce blog pour reconstituer le puzzle de ma vie aujourd'hui. Chaque pièce doit retrouver une place en cohérence avec les autres. C'est un parcours, une initiation. Je vais devoir apprendre, comprendre, intégrer à ma vie, retourner dans mon passé, soigner des traumas, mettre des mots, donner du sens, panser, faire grandir et jaillir, m'équilibrer, lâcher prise, m'organiser, me projeter aussi dans cette femme de plus de 50 ans qui va vieillir encore, avec ses troubles hormonaux, souffrir d'une forme d'invisibilité, de l'âgisme, d'un manque d'intérêt.
Dans ce blog, je viendrai déposer des petits billets d'humeur chaque semaine comme autant de petits cailloux blancs qui montreront, j'espère un jour, le chemin parcouru et de possibles directions à d'autres femmes.
Je les adresse à ma petite-fille imaginaire que j'ai appelée "Léa", une fillette que j'aurai un jour peut-être, mon enfant intérieur aussi, ce petit être universel féminin ou qui se ressent féminin, et que j'aimerais pouvoir aider à trouver l'amour, le bien-être et l'épanouissement dans sa vie par de-là les générations.
Comments