HUMEUR - Après le burnout, après quoi ?
- elleadebeauxrestes
- 27 mars 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 août 2024
Ma Léa,
Il y a eu la longue descente, que j'apparente à une lutte incessante avec un corps qui se dérègle dans un cadre professionnel changeant et en mouvance, puis le point de rupture, l'impossibilité physique et mentale de poursuivre. Toutes mes ressources sont épuisées, je me sens comme un tas de cendres qui brûle. Ce qui brûle encore, c'est mon corps la nuit, le jour, c'est le stress qui tend et énerve les jambes, ce sont des émotions, vives, avec la peur en chef d'orchestre. Cette peur qui prend aux tripes, qui paralyse, qui te serre la nuque dans un étau. Je ne suis que peur, impuissance, honte aussi de n'avoir pas su dépasser mes symptômes de la ménopause, de ne plus pouvoir prendre le chemin du travail, je ne suis, dans le regard des autres, que déception, une femme fragile sur le retour. Je me sens, en même temps, comme une petite fille capricieuse qui n'a pas obéi et qui n'a que ce qu'elle mérite. Je suis épuisée mais la peur me tient par le collet et me donne des claques quand je menace de sombrer. Je suis comme tétanisée, empêchée, penchée sur un précipice où la mort, la fin m'attend peut-être. A aucun moment, pourtant, je n'entends le mot burnout. C'est un responsable RH qui le prononcera quelques mois plus tard. J'ai besoin d'aide, expliquez moi, qu'est-ce que j'ai, que dois-je faire ? Autour de moi, le silence interrogatif bien qu'aimant de mes proches démunis et celui des médecins que je sentais si détachés et lointains. Dans ma longue chute, j'ai pourtant sonné l'alarme, gynécologue, médecin généraliste, psychologue, kinésiologue, acuponcteur, ostéopathe, énergéticien.. Ils sont tous très occupés et se renvoient la balle. Il y a plusieurs écoles pour se soigner dans cette transition de la ménopause qui n'est pas une maladie. Le burnout non plus n'est pas une maladie. Je fais confiance au corps médical faute d'avoir d'autres options tangibles. Je commence un traitement hormonal, un autre contre l'hypertension, des anti-dépresseurs, la psychothérapie continue. Il faut bien se raccrocher à une branche, commencer par quelque chose. Nous sommes début d'année 2023. Je fais preuve d'impatience. Est-ce que le bout du tunnel sera de reprendre le chemin du bureau ? Est-ce que je trahis la confiance de quelqu'un ? Je n'arrive même pas à espérer un retour au travail. Ce que j'espère c'est me sentir mieux, loin du vertige, pouvoir ressortir dans la rue l'esprit léger et insouciant, refaire le monde autour d'un apéro tricot avec mes copines que je délaisse, me sentir bien dans ma peau et ma tête. J'espère que tout va s'arranger dans ma petite vie un peu solitaire et recluse, que mon mari ne va pas se lasser. J'ai des hauts, des bas. Les semaines passent, traînent, s'effacent. Je m'informe méthodiquement, je m'inspire pleine d'espoir, j'apprends en y mettant du coeur, j'agrippe toutes les perches qui me sont tendues, je tente, je m'analyse minutieusement, j'essaie de retrouver l'envie, du sens, du plaisir, une direction peut-être pour cette femme de 56 ans que je suis et qui flotte toujours anxieuse. Je découvre ce nouveau monde du coaching en bien-être où tout le monde expose ses souffrances et donnent de l'espoir.
Nous sommes plus d'un an plus tard.
Mon père est décédé en été 2023. J'espère lui avoir rendu honneur avec de belles funérailles, qu'il est fier de moi. Il me manque, son regard sur moi aussi. Le règlement de sa succession, très simple sur le papier, est encore aujourd'hui un véritable casse-tête pour moi. Il y a des dettes, je dois m'en acquitter. Tout cet administratif qui me vole du temps sur ma reconstruction m'irrite parfois.
A la suite d'un bilan de compétence au printemps 2023, je décide de cesser mon activité professionnelle qui ne me correspond plus depuis des années et faute de perspective. Je suis très bien accompagnée par un responsable RH qui sait de quoi il parle. Cela fait du bien. J'ai un an depuis l'automne 2023 pour lancer deux nouveaux projets professionnels qui me tiennent à coeur.
Mon traitement hormonal se poursuit, le confort qu'il m'apporte surpasse le fait que j'ai à nouveau des cycles et des règles. Ce n'est pas naturel. Je ressens le pouvoir des hormones, de toutes les hormones, l'importance de leur équilibre dans notre organisme et les méfaits de leur fluctuation sur notre bien-être.
Plus d'antidépresseurs depuis octobre 2023 et de psychothérapie après plus d'un an et demi à raconter ma vie à une personne impassible et ne faisant aucun retour me concernant. Je ne la sens pas réceptive à mes émotions et mon anxiété. Il y a quelques semaines, j'ai osé lui exprimer mes besoins avec plus de conviction et elle a admis qu'elle ne pourrait pas y répondre. Nos rendez-vous étaient néanmoins des jalons, j'ai joué le jeu, j'ai travaillé en parallèle sur des séances parfois vides de sens, sans réponse. J'ai beaucoup écrit. Des écrits que je relirai un jour. Cette expérience m'a laissé surtout de la tristesse.
Plus de traitement contre l'hypertension et de l'aide précieuse de la part de ma médecin généraliste qui m'a ouvert à l'hypnose. Des fenêtres salvatrices vers de l'apaisement,. Et beaucoup d'écoute de sa part, un regard bienveillant, des réponses concrètes, des mises en garde et des félicitations. Elle m'a accompagnée, rassurée, parlé de mes émotions toujours avec un regard scientifique et une expertise tellement bienvenue..
Néanmoins, les mots qui me viennent, au sortir de la tempête, alors que la chaloupe tangue encore un peu, c'est "j'ai encore tant de choses à apprendre, à comprendre". J'ai fait un bout de chemin intuitivement et maintenant, si je veux passer la vitesse supérieure vers cet ultime objectif du bien-être et de l'apaisement, il va falloir que je m'organise, que je choisisse mes priorités.
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