HUMEUR - Ma psychothérapie - 1 - Le clash, un passage obligé ?
- elleadebeauxrestes
- 13 févr. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 août 2024
Partie 1 - Contexte et pitch de séance
Ma Léanxieuse,
Depuis le début de l'année, je ne comprends pas vraiment à quoi ma psychologue joue. Elle semble toujours vouloir me tirer vers le bas, ne pas entendre les progrès ou les voiler par des questions dont je ne vois pas l'utilité si ce n'est de me ramener à des parts d'ombre déjà explorées, voire dépassée.
Mercredi passé, nous avons atteint un seuil étrange, je lui demande un point de situation, une mise à plat pour éclaircir le brouillard qui s'épaississait.
Elle ne veut pas me répondre et ne me répondra pas. Elle sous-entend surtout un manque d'envie de ma part de me frotter au dur de ma thérapie, une insécurité de ma part et une incapacité à prendre son refus pour ce qu'il est parce qu'il fait résonner mes blessures d'enfance, elle met en doute la légitimité de mes ressentis par rapport à mon sentiment de solitude vis-à-vis d'elle. Bref elle esquive ma question et sa réponse. A chacun de ses renvois de balle, je sens la frustration de l'incompréhension de son jeu. Est-elle mon équipière ? A-t-elle toujours envie de gagner la partie avec moi ? Je sens qu'elle cherche à me faire des croche pattes pour ralentir la première mi-temps. Elle détourne mon attention en seconde mi-temps, fait monter la pression, veut me faire douter de mes capacités, je résiste, je m'énerve, je loupe des ballons. Puis au coup de sifflet de fin de partie, alors que je suis rouge de colère, à bout de souffle, elle devient arbitre, me renvoie au vestiaire me disant que je ne suis pas plus apte à jouer et que je dois aller voir la direction de l'équipe. J'ai trouvé cela violent.
Dans les faits en fin de séance, à bout d'arguments, contrariée, sans se remettre une seconde en question, elle me dit : "Puisque vous me le demandez, je pense que vous allez mal et vous conseille d'aller voir le docteur X" . Je précise que je ne lui ai pas demandé de me dire, en fin de séance, que j'allais mal, je lui ai demandé, en début de séance, de faire un point de situation.
Je me sens perplexe et un peu écoeurée (tu ne t'es pas rendue compte que tu avais déjà le teint vert en début de match).
J'ai eu besoin de faire une "dissection" de la séance que je soumets à ton appréciation, ma Léanxieuse. Je la soumettrai peut-être à l'appréciation de ma psychothérapeute la semaine prochaine, je verrai mon état de forme.
Pitch de ma séance de mercredi
Le contexte : une psychologue et sa patiente depuis plus d'un an et demi
La patiente demande une xème fois de faire le point sur sa thérapie
La psychologue refuse pour la xème fois une réponse. Points abordés :
la patiente procrastine à nouveau pour ne pas sauter l'obstacle
par sa demande, la patiente démontre son insécurité
la patiente vit mal le refus en raison de son passé
la patiente se sent seule alors qu'elle ne l'est pas
La séance tourne
La psychologue conclut en disant à la patiente qu'elle ne va pas bien et qu'elle doit voir un psychiatre.
Le contexte : une psychologue et sa patiente depuis plus d'un an et demi
La psychologue et la patiente se voient depuis plus d'un an et demi chaque semaine..
La patiente demande, elle-même de l'aide à la fin du printemps 2022 pour des problèmes d'anxiété - elle franchit la porte - accepte le cadre donné - entame les premiers mois de thérapie en luttant contre des symptômes de plus en plus invalidants de la ménopause et dans un contexte professionnel en réorganisation - les angoisses, les nuits sans sommeil et l'hypertension rattrapent la patiente - son corps dit stop - elle tombe - burnout (épuisement physique, mental, émotionnel - stress chronique - nervosité - perte d'estime de soi - anxiété - comportement dépressif/dépression, troubles du sommeil, déni) - la patiente se soigne (hormones, médicaments contre la tension, anti-dépresseurs), suit ses séances de psychothérapie parfois à distance dans l'impossibilité de sortir, s'informe sur ce qu'elle vit - s'intéresse, se forme à des méthodes et des enseignements pour s'apaiser - rattrape le sommeil en retard - fait attention à son hygiène de vie, entreprend un bilan de compétences avec des professionnels externes, identifie ce qui a ou pourrait avoir du sens après la tempête traversée - étudie avec ses proches les possibilités qui lui sont concrètement offertes - la patiente se fixe de nouveaux projets - démissionne - perd son père, - se charge de ses obsèques, des hommages, de la succession et la reprise/rénovation de l'appartement dont elle hérite. NB : la patiente ne suis plus qu'un traitement hormonal, n'a plus d'angoisses invalidantes - reprend une vie sociale normale. Elle est mariée et soutenu par son mari et ses enfants dans sa reconstruction et ses projets. Elle ne souffre d'aucune addiction.. L'automne passé, la patiente a bénéficié de la part de sa caisse maladie de 15 séances supplémentaires de psychothérapie.
A ce stade, l'objectif de la patiente par rapport à sa thérapie : poursuivre la reconstruction, sans anti-dépresseurs après le burnout et le décès de son père sur des bases saines en dépassant ses traumas, les croyances induites et limitantes et leurs résonances dans son présent pour accéder à plus de sérénité, de joie et de bien-être au quotidien.
La majorité des traumas brutaux ou insidieux sont identifiés. La patiente travaille à leur donner du sens, et à analyser ses ressentis et émotions actuels, voire à définir ses responsabilités et celles qu'elle n'a pas. son processus de résiliation est engagé et accéléré par le décès de son père (déménagement, tri de photos).
Début janvier, la patiente se dit à la fois libérée des injonctions latentes ou formulées de son père et à la fois impactée par la perte de sa dernière référence familiale et d'un conseiller bienveillant pour elle.. Après le choc du décès soudain de son père en août, le déni en septembre, la colère en octobre/novembre, la négociation en décembre, elle entre en janvier dans la phase de dépression et de douleur, tout en exprimant sa détermination à retrouver ses ressources propres vers l'acception. En proie à un sentiment de solitude dont elle a fait part en séance, la psychologue lui a fait prendre conscience de la différence entre le fait d'être seule et de se sentir seule. Elle comble le vide du départ de son père en réattribuant les rôles de ses proches et de nouvelles figures d'attachement. Une discussion avec son fils aîné a permis à ce dernier de lui exprimer que la patiente pouvait compter sur lui, lui faire confiance et qu'il gérait à sa manière ses projets professionnels. La patiente a pu calmer ses inquiétudes grandissantes quant à l'avenir professionnel de son fils en se repositionnant sur son rôle de maman d'un jeune adulte (et non plus d'un enfant) tout en donnant à son fils sa juste place (un pilier, qui peut la protéger autant qu'elle le protège).
A la première séance de janvier, la patiente a aussi présenté les signes du Blue Monday . Elle a parlé d'une difficulté jugée normale à se remobiliser après le relâchement des fêtes d'autant plus que la patiente s'est lancée de nouveaux défis professionnels.. Elle a aussi fait part de son soulagement d'avoir pu dépasser ses angoisses, de pouvoir se lancer dans de nouveaux projets avec plus sérénité, de retrouver un vie sociale plus harmonieuse, d'avoir du plaisir dans la création et l'écriture..
La patiente se montre parfois impatiente, voire agacée, par ses croyances encore limitantes qui l'empêchent d'accéder à une plus parfaite sérénité et obscurcissent par moment son regard déjà sombre sur la vieillesse et la maladie. La patiente est consciente que son regard est pessimiste et s'en est excusée à plusieurs reprises auprès de sa psychologue à qui elle soumet une vision peu engageante sur le vieillissement. Elle travaille sur ces questions par la lecture et l'écriture, s'interroge et se remet ouvertement en question lors des séances.
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