MENOPAUSE - J'ai envie d'avoir envie
- elleadebeauxrestes
- 17 juil. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 juin 2024
Le désir est l'essence qui alimente le moteur de la vie.
Quant la ménopause s'invite dans notre lit, elle étouffe notre désir, fait s'emballer et surchauffer les circuits, elle inonde tout en asséchant, elle affadit les fantasmes, attriste les orgasmes, pollue la complicité, la confiance et la joie.
En bref, c'est une hôte dont on espère très vite se débarrasser avant qu'elle ne nous fasse imploser à défaut de notre faire exploser de plaisir.
Ce qu'il se passe, la sciences nous l'explique : changements hormonaux (baisse du taux d'estrogènes) qui peuvent rimer avec - des rapports douloureux (diminution du flux sanguin vers le vagin entraînant l'amincissement des tissus vaginaux et des lèvres, moins de lubrification, moins de sensibilité à la stimulation sexuelle -> moins de plaisir, difficulté à atteindre l'orgasme).
- des troubles au niveau de la santé mentale qui affectent la libido
- une augmentation du stress.
C'est déjà bien de pouvoir comprendre ce qu'il se passe même si ce qu'il se passe est, à mon sens, plus indisposant que les règles qui nous rendaient, elles aussi, indisposées.
Dans le précédent post où je parlais de "ma" ménopause, j'ai imagé "ma" transition comme un passage de la fleur fraîche à la fleur séchée, chacune ayant d'autres atouts à valoriser. J'avoue que sur la question de la sexualité et la baisse de libido, je cherche toujours mes nouveaux atouts et avantages car je n'ai pas eu la chance de découvrir le fameux épanouissement d'une sexualité plus désinhibée et libre après 50 ans.
Ma priorité était, avec beaucoup d'impatience et de colère, de dépasser les symptômes physiques et psychologiques et retrouver la santé (même si la ménopause n'est pas une maladie, oui je sais...), de l'énergie, la force vitale dont allait "renaître" le désir et l'élan vers mon mari. Il s'agissait de revenir dans un cercle vertueux : me sentir "bien" -> désirer -> avoir une vie sexuelle épanouie -> me sentir "bien", etc. Vous allez me dire que c'est un peu simpliste et que nous pouvons nous sentir bien, nous sentir vivante, sans passer par la case "sexe" en identifiant et cultivant d'autres désirs (désirs de l'esprit, des sens, de la spiritualité, de la création artistique...), en s'alimentant bien, en dormant bien, en faisant de l'activité physique, en faisant un travail sur soi, en soignant nos relations avec nos proches.
C'est vrai, mais aujourd'hui, j'ai envie de me plaindre et d'extérioriser la frustration qui m'habite à ce sujet.
C'est contrariant de perdre son désir sexuel et c'est encore plus ennuyeux si cela implique, comme dans mon cas, un conjoint.
Petit salut à mes copines célibataires qui, pour le coup, sont plus tranquilles et n'aspirent qu'à le rester jusqu'à cela passe.
Dans mon lit, il y a un homme "demandeur" et fier de l'être, qui se veut conciliant et compréhensif mais, qui je le sens bien, se montre rapidement râleur et de mauvaise humeur dans notre quotidien lors d'une abstinence trop prolongée.
Il s'agit pour moi de
-> le rassurer (tu es toujours désirable, c'est mon désir qui a foutu le camp, tu me connais, je ne suis plus tout à fait moi-même -> je suis totalement responsable. Je me soigne, je travaille sur moi, cela va passer et puis.... je t'aime),
-> de lui expliquer (cela me brûle, comme des petites gerçures sur la paroi vaginale, je pense que le lubrifiant est un indispensable dans la table de nuit pour m'aider avec ma sécheresse vaginale, et puis mon esprit est à mille lieux de l'univers du plaisir des sens et des jeux de galipettes, je me sens moche, poisseuse, gonflée, cela me donne envie de pleurer, tes caresses me rendent nerveuse)
-> de lui montrer que je le comprends (ce nouveau désert sexuel est contrariant, ton impatience est légitime, c'est long, c'est toujours pour demain )
-> de m'excuser (je suis désolée de t'imposer cette nouvelle réalité, cette nouvelle sexualité à réinventer) -> de le remercier de sa compréhension (j'ai de la chance que tu m'accompagnes dans cette "transition", de te savoir à mes côtés, je suis agréablement surprise par tes réactions, cela m'aide) -> de feinter (lui dire habilement "non" seulement quand l'acte sexuel paraît inenvisageable et trouver des contreparties agréables qui nous rapprochent tout de même), -> de sauter sur les occasions (quand mes hormones me font à nouveau coucou à leur convenance). -> de ne pas perdre les autres occasions de partager de bons moments ensemble dans la communication.
En me lâchant dans l'écriture de ces lignes, je réalise à nouveau combien cette ménopause, en plus de nous impacter durement, nous obligent, nous les femmes, à prendre sur nous, à faire profil bas comme toujours, à culpabiliser, à nous taire, à assumer les conséquences dans notre vie de couple et professionnelle.
Dans ces moments-là, se voir répéter que la ménopause est un passage naturel, n'est pas une maladie, cela gomme le fait que certaines femmes puissent souffrir et être entraînée dans la maladie (dépression, burn out, anxiété) et ceci non parce qu'elles manquent de courage, de persévérance ou parce qu'elles s'écoutent trop.
Cela me rappelle une remarque de ma belle-mère à qui j'avais demandé, lorsque j'étais enceinte, si elle avait souffert de nausées et qui m'avait répondu "nous n'avions pas le temps de nous poser la question"... Ayant été hospitalisée 2 mois en raison d'hyperémèse gravidique (encore les hormones), je ne vous cache pas que je me suis sentie plus que dépitée. Ce sont le plus souvent les femmes qui sont dures entre elles.
Vivement les futurs moments câlins qui feront tout oublier, nous oublier, nous ressourcer et nous donneront l'envie d'avoir envie.
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